Une série photographique qui danse sur la ligne ténue entre l’effondrement et la lucide désorientation. Au propre comme au figuré, chaque image capture la faille – ce moment où le sol glisse sous nos pieds avant que l’esprit n’ait le temps d’inventer une explication rassurante. Nous chutons, et dans la poussière, nous rions parfois à contretemps : car s’apercevoir du ridicule, c’est déjà reprendre pied.

Les crises sociales et environnementales ne cessent de nous surprendre, nous coupant dans notre élan, nous renversant parfois. Cette série cherche à donner forme à ce renoncement involontaire, à cette perte d'équilibre, physique comme psychique. J’installe un décalage visuel qui fait sourire avant de questionner. L’humour n’allège pas la situation ; il démasque son incohérence et ouvre un espace de respiration.

Embrumé(e)s par nos écrans et par le flot d’opinions, nos systèmes (nerveux, sociaux, économiques) saturent. En revenant au corps, à sa gravité littérale, je propose une cadence organique : tomber, sentir, se relever et recommencer. Chaque séance devient un laboratoire collectif où l’expérimentation est reine, mêlant numérique et argentique, comme on mêle sérieux et satire. Cette série, aussi intime que politique, invite le ou la spectateur.rice à tomber à son tour, ne serait‑ce que quelques certitudes, pour mieux se relever ensemble.

« Si le vivant tombe, nous tombons avec. » Mais peut‑être, en partageant la chute, pouvons‑nous apprendre l’art de rebondir.